dimanche 21 janvier 2007

Ce n'est qu'un début...

Les Canadiens sont obsédés par leur identité. Les Québécois, quoi qu'ils en disent, sont, à ce sujet, très canadiens. Étant québécois, je me suis toujours questionné sur mon identité. En juillet 2005, je suis parti pour le Japon, où j'ai enseigné l'anglais comme langue seconde (allez savoir) dans une petite ville du nord du Hokkaido, Kunneppu. Mes contacts avec la riche culture nipponne, ainsi qu'avec un grand nombre d'anglophones de partout dans le monde, eux aussi "occupés" à répandre la langue de Shakespeare au pays de Aki Hito, ont boulversé mes convictions nationalistes.

J'étais l'un de ceux qui croyait fortement que le Québec, afin d'affirmer son identité franco-nord-américaine, devait se séparer du ROC. Je suis maintenant pour le moins dubitatif à l'égard de la souveraineté du Québec. Non seulement mon voyage m'a permit de voir de multiples identités, des gens ouverts, notamment des canadiens, très différents de mes perceptions, mais, une fois de retour, ici, au Cégep de Trois-Rivières, j'ai pu découvrir qu'il existe plusieurs formes de nationalisme au Québec. Celui que je rencontre ici est très différent du nationalisme de mes amis universitaires...et montréalais, chose qui n'est pas vraiment considéré comme une qualité ici... En fait, ce qui me perturbe le plus ici est combien il est difficile de s'affirmer fédéraliste, un peu comme s'il s'agissait d'une hérésie. En fait, depuis mon retour, ce qui me perturbe est le discours dominant, que je qualifierait de québécopolitiquement correct.

Enfin, rien n'est très définit pour le moment. C'est un peu pour mettre de l'ordre dans mes idées que j'écris.

Une dernière chose: le titre. Il s'agit du titre de l'hypôthétique livre que mon ami Sébastien Neault, un canadien-français vivant à Rubeshibe (30 minutes de Kunneppu) et moi avons l'intention d'écrire. Il s'agirait grosso modo, suivant le modèle de Will Ferguson dans Hokkaido Highway Blues de raconter son expérience au Japon et de comment celle-ci a transformé sa personne et, vous l'avez deviné, son identité. À chaque visite, je restais toujours surpris de ses histoires abracadabrantes, de son sens de l'aventure, de comment il s'intéresse à tout les gens qu'il rencontre...épaté par sa fille de 4 ans qui en plus d'apprendre le français et l'anglais à la maison, pratique le japonais sur une base quotidienne à la garderie...je ne vous dis rien du cocktail linguistique qu'elle émet...de ce soir dans un grill japonais où nous mangions avec Ned, un californien, avec qui, faute de vocabulaire anglais, elle parlait en japonais. Bref, l'idée de pelleter des identités vient de ces multiples langues, parlées dans un coin du monde qui, d'un point de vue climatique, ressemble tant au Canada. Du mélange qui se crée, comme un banc de neige (oh là, la poésie ici--je l'avoue, j'ai eu cette idée après quelques Sapporo lors d'un souper bien arrosé chez Seb).

Mon identité s'étant transformée au cours de la dernière année, durant laquelle j'ai pelleté de la neige et des langues, j'ai décidé d'utiliser le titre de ce livre en construction et d'y ajouter "de Kunneppu à Lanoraie", question de la personnaliser car ces deux villages agricoles (Lanoraie--beach pour les intimes--est l'endroit où j'ai grandi, un village difficile à manquer sur une carte) se ressemblent beaucoup, quoi que l'on ne mette rien sur les routes l'hiver à Kunneppu et qu'on y conduise du mauvais côté de la rue, ce qui occasionne des surprises pour l'étranger de service.

Pas mal pour un premier message.

Aucun commentaire: