jeudi 10 mai 2007

De la militarisation de la société US.

Je viens de terminer l'excellent documentaire America: Why We Fight (BBC) exposant la militarisation de la société américaine par le complexe militaro-industriel. Pour simplifier, disons que ce complexe est un riche cocktail d'hommes politiques et d'affaires ayant des liens incestueux entre eux, l'industrie recrutant les anciens fonctionnaires pour faire la promotion de leurs produits auprès des responsables gouvernementaux qui travaillent dans les départements où ils ont servit.

Ce documentaire est composé d'images d'archives, de témoignages d'acteurs (militaires, hommes politiques) de civils irakiens et américains et enfin de l'analyse de spécialistes. Que dire... à côté du témoignage d'un ex-sergent du NYPD qui, après avoir demandé à l'armée d'écrire le nom de son fils (mort dans l'écrasement du World Trade Center), réalise que le gouvernement Bush lui a menti de A à Z sur la justification de la guerre, on présente Richard Pearl, un des architecte néo-conservateurs de la guerre et très proche collaborateur républicain depuis Reagan qui continue à vendre sa salade à coup de mensonges. Que dire aussi du témoignage de cette femme retraitée des services de renseignements de l'armée qui décrit son travail avant la guerre comme étant de vendre "l'information" en provenance du bureau du Vice-président au Pentagone. Celle-ci a quitté son poste parce qu'elle ne pouvait plus lier son travail à ses valeurs. Contrairement à n'importe quel Michael Moore, c'est donc un documentaire très bien balancé.

Je reviens à la militarisation de la société américaine. La BBC interroge plusieurs spécialistes dont Chalmers Johnson, ancien de la CIA qui est actuellement professeur d'université. Ce dernier a publié plusieurs ouvrages dont Hubris, The Sorrow of Empire, Blowback et Nemesis dans lesquels il décrit la construction de l'empire américain et de comment celui-ci repose sur ce que les spécialistes appellent le hard power, la puissance militaire. Dans le documentaire, Johnson explique très bien comment le fait que les contrats militaires soient soigneusement soupoudrés (et payant en passant) dans tous les États et comtés fait que personne au Congrès ne peut vraiment remettre en question la militarisation de l'économie et de la société. Les contrats d'armemement, les bases militaires, la publicité pour le matériel militaire et autres lobbys, en bref, le complexe militaro-industriel dopent l'économie US et remplace la péréquation canadienne.

Après avoir vu ce documentaire, je me demande seulement combien de temps les États-Unis vont tenir. Les dépenses militaires sont un gouffre sans fond et ne produisent rien. Aussi, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle entre ce pays et la Rome antique dans laquelle la militarisation de l'économie a, à la fois, miné la démocratie et à long terme, l'économie.

J'y reviens.

lundi 19 mars 2007

Les élections, l'ADQ et la vague conservatrice

J'écoute actuellement ??. Celui-ci confirme ma pensée: ceux qui soutienne Mario sont des gens qui, dans le fond, sont choqués par le discours bien pensant, urbain, gauche caviard que l'on entend partout dans les média, à Bazo en particulier. Il ajoute, un peu comme si le Québec s'était modernisé trop rapidement. Comme Facal le dit, ces gens qui s'intéressent à Mario (on verra s'ils vont voter lundi prochain), sont écoeurés de se faire dire qu'ils sont réactionnaires s'ils veulent laisser un peu de place au privé en santé, s'ils questionnent certains acquis de la Révolution tranquille. Il ajoute que ceux qui votent Mario sont les même, si l'on se fie aux résultats et intention de vote par région, que ceux qui votent Harper et votaient Union Nationale... En fait, ce mouvement de fond me fait penser à ce que je lisais lorsque je faisais de l'histoire américaine. Ce que les "progressistes" pensent, mettent de l'avant, va trop vite pour une frange de la population. De même, cette frange de la population se sent aliénée par les transformations économiques, politiques, technologiques et se replient vers des valeurs traditionnelles, plus stables qui ont "fait leurs preuves" dans un passé idéalisé. Ces gens se préoccupent de questions plus locales, terre à terre et leur position, souvent simples sont ridiculisées par les média progressistes. Voilà une autres chose que je dois fouiller: comment les conservateurs de Reagan sont montés au pouvoir à la fin des années 1970.

samedi 3 mars 2007

De la coupure régions--Montréal...

J'écoutais Louise Harel mercredi dernier alors qu'elle était "interviewée" par Christiane Charette. La député disait que la position l'ADQ est une régression, un retour à un Québec frileux et fermé sur lui-même. Ce commentaire illustre combien l'élite péquiste est, soit coupée de la base nationaliste des régions, soit qu'elle fait tout nier la position de cette dernière. En effet, dire que Mario Dumont a une vision identitaire rétrograde est une chose. Cependant, cette vision est partagée par de nombreux québécois des régions, je sais de quoi je parle, j'en suis entouré. Donc, dire qu'il est rétrograde, c'est dire que cette base nationaliste, pour qui l'idée de nation par l'ethnicité, définie de façon assez exclusive, est rétrograde.

Ce commentaire, lié au recul de l'appui au PQ me fait penser que l'élite péquiste ne saisit pas que dans son parti se trouve une forte base conservatrice, socialement et économiquement. Jusqu'à présent, la question nationale a empêché cette mouvance, principalement située en région, de s'exprimer ouvertement. Cependant, celle-ci ne se reconnait plus dans l'actuel PQ, dominé par des urbains. Cette idée me semble confirmée par un récent article du Devoir dans lequel il était question de la frustration des candidats bloquistes de la région de Québec face à ce qu'ils appelaient de "l'impérialisme montréalais". Selon eux, plusieurs commentaires de leur chef attaquait directement leur électorat.

Cette situation ne fait que confirmer qu'il existe deux Québec, comme il y a deux Canada, deux États-Unis, soit l'urbain et le rural. Bon, je caricature un peu mais il reste que la dichotomie région/centres urbains, ou mieux, libéraux/conservateurs a jusqu'ici été occultée par la question nationale au Québec. Ce n'est plus le cas. Ceci me fait penser à un livre que j'ai lu récemment. John Ibbitson du Globe and Mail, dans son essai The Polite Revolution (2005), traite beaucoup de cette dichotomie au Canada, affirmant notamment que la base électorale conservatrice ne peut que diminuer avec l'urbanisation graduelle du pays. Je vais y revenir.

Enfin, les élections sont très intéressantes et pour la 1ère fois, je n'ai vraiment aucune idée de qui va l'emporter ou de quelle sera la forme du prochain gouvernement.

Voilà.

dimanche 21 janvier 2007

Ce n'est qu'un début...

Les Canadiens sont obsédés par leur identité. Les Québécois, quoi qu'ils en disent, sont, à ce sujet, très canadiens. Étant québécois, je me suis toujours questionné sur mon identité. En juillet 2005, je suis parti pour le Japon, où j'ai enseigné l'anglais comme langue seconde (allez savoir) dans une petite ville du nord du Hokkaido, Kunneppu. Mes contacts avec la riche culture nipponne, ainsi qu'avec un grand nombre d'anglophones de partout dans le monde, eux aussi "occupés" à répandre la langue de Shakespeare au pays de Aki Hito, ont boulversé mes convictions nationalistes.

J'étais l'un de ceux qui croyait fortement que le Québec, afin d'affirmer son identité franco-nord-américaine, devait se séparer du ROC. Je suis maintenant pour le moins dubitatif à l'égard de la souveraineté du Québec. Non seulement mon voyage m'a permit de voir de multiples identités, des gens ouverts, notamment des canadiens, très différents de mes perceptions, mais, une fois de retour, ici, au Cégep de Trois-Rivières, j'ai pu découvrir qu'il existe plusieurs formes de nationalisme au Québec. Celui que je rencontre ici est très différent du nationalisme de mes amis universitaires...et montréalais, chose qui n'est pas vraiment considéré comme une qualité ici... En fait, ce qui me perturbe le plus ici est combien il est difficile de s'affirmer fédéraliste, un peu comme s'il s'agissait d'une hérésie. En fait, depuis mon retour, ce qui me perturbe est le discours dominant, que je qualifierait de québécopolitiquement correct.

Enfin, rien n'est très définit pour le moment. C'est un peu pour mettre de l'ordre dans mes idées que j'écris.

Une dernière chose: le titre. Il s'agit du titre de l'hypôthétique livre que mon ami Sébastien Neault, un canadien-français vivant à Rubeshibe (30 minutes de Kunneppu) et moi avons l'intention d'écrire. Il s'agirait grosso modo, suivant le modèle de Will Ferguson dans Hokkaido Highway Blues de raconter son expérience au Japon et de comment celle-ci a transformé sa personne et, vous l'avez deviné, son identité. À chaque visite, je restais toujours surpris de ses histoires abracadabrantes, de son sens de l'aventure, de comment il s'intéresse à tout les gens qu'il rencontre...épaté par sa fille de 4 ans qui en plus d'apprendre le français et l'anglais à la maison, pratique le japonais sur une base quotidienne à la garderie...je ne vous dis rien du cocktail linguistique qu'elle émet...de ce soir dans un grill japonais où nous mangions avec Ned, un californien, avec qui, faute de vocabulaire anglais, elle parlait en japonais. Bref, l'idée de pelleter des identités vient de ces multiples langues, parlées dans un coin du monde qui, d'un point de vue climatique, ressemble tant au Canada. Du mélange qui se crée, comme un banc de neige (oh là, la poésie ici--je l'avoue, j'ai eu cette idée après quelques Sapporo lors d'un souper bien arrosé chez Seb).

Mon identité s'étant transformée au cours de la dernière année, durant laquelle j'ai pelleté de la neige et des langues, j'ai décidé d'utiliser le titre de ce livre en construction et d'y ajouter "de Kunneppu à Lanoraie", question de la personnaliser car ces deux villages agricoles (Lanoraie--beach pour les intimes--est l'endroit où j'ai grandi, un village difficile à manquer sur une carte) se ressemblent beaucoup, quoi que l'on ne mette rien sur les routes l'hiver à Kunneppu et qu'on y conduise du mauvais côté de la rue, ce qui occasionne des surprises pour l'étranger de service.

Pas mal pour un premier message.